Le salon du meuble de Milan : ce qu’il faut retenir !
Pour sa 58e édition, cet événement incontournable du design, plus grande foire aux meubles du monde a cette année encore vu les choses en grand. Les professionnels du monde entier s’étaient donné rendez-vous pour présenter leurs nouveautés, à un public conquis. Décryptage des dernières tendances.
Depuis 1961, la capitale de la Lombardie vibre de l’effervescence de son salon du meuble, une foire gigantesque qui en fait un événement incontournable du design. Un rayonnement pour une ville qui profite du Salon pour faire découvrir ses secrets et beautés, et les dernières tendances du design à retenir.
Les 70 ans de la Maison Kartell
Fondée en 1949 par l’ingénieur chimiste italien Giulio Castelli, son objectif est alors d’introduire le plastique dans l’habitat. Tout en mêlant le design à ce matériau, l’idée est de créer des objets de design contemporain… avec du plastique. Dans les années 1960, deux objets font le succès de la marque, les chaises de Joe Colombo, et les conteneurs superposables d’Anna Casteli Ferrieri. Dans les années 1970, Kartell s’expose, et fait son entrée dans le monde de l’art, avec une exposition événement au Musée d’art moderne de New York. C’est dans les années 2000 que Philippe Stark débute sa collaboration avec la marque italienne, offrant à ses chaises et fauteuils un essor important. Eros et Louis Ghost sont devenus des objets incontournables de Kartell.
Alors, pour célébrer ses 70 ans, la marque a vu les choses en grand au Salon du meuble de Milan. Elle a présenté sa première chaise dessinée par intelligence artificielle, projet commun avec son designer phare Philippe Starck. Ce dernier a décidé des données de base, aux côtés de l’entreprise de logiciels Autodesk. « A.I » est ce premier meuble conçu par l’intelligence artificielle. Pour le designer, « la pensée créative et l’intelligence artificielle ont fusionné pour concevoir un modèle de siège totalement élaboré par un algorithme qui respecte les exigences d’origine, c’est-à-dire être un siège, confortable ayant les conditions structurelles requises de résistance et de solidité nécessaires pour obtenir les certifications et répondant aux canons esthétiques des collections : un caractère essentiel et net. ».
La célébration de ses 70 ans a également été l’occasion d’offrir une vaste exposition rétrospective et artistique dans les salons princiers du Palazzo Reale sur la place Duomo, à voir jusqu’au 12 mai.
La mode s’invite au Salon du meuble
Qui dit Italie, dit bien évidemment mode ! Treize grandes maisons se sont invitées au Salon cette année, pour des projets et collaborations originaux et décalés.
La Maison Vuitton a présenté ses objets nomades, et accueilli l’Atelier Biagetti et le duo Zanellato/Bortotto. Rimowa qui s’est associé au magazine d’art contemporain Kaléidoscope pour présenter l’installation du designer espagnol Guillermo Santomá au cœur de la galerie Spazio Maiocchi.
Cos est revenu cette année, offrant carte blanche à l’architecte Arthur Mamou-Mani et son studio éponyme dans la cour du Palazzo Isimbardi. Loewe était de retour pour sa cinquième édition avec une collection consacrée à la vannerie, la couture à la main et la calligraphie, intitulée « Loewe Baskets ». Le studio d’architectes et de design d’intérieur Dimore Studio s’est inspirée du cubisme et du cannage, signature de la maison Dior, pour présenter ses créations au cœur de la Casa Degli Atellani. Fendi s’est associé à l’architecte et designer Cristina Celestino pour créer une collection baptisée « Back Home », mariant onyx et marbre à des surfaces métalliques. Miu Miu a été fidèle à ses créations, en offrant une installation au Teatro Gerolamo, autour de son objet Miu Miu M / Matching Colorstool, un tabouret au design édifiant.
L’italien Giorgio Armani a accueilli la première exposition au cœur de l’Armani/Silos consacrée à l’architecture. Un parcours narratif conçu par Tadao Ando en collaboration avec le Centre Pompidou. Enfin, Dolce & Gabbana et SMEG, Jil Sander et Linda Tegg, Gucci Décor, Marni, Tod’s ou encore Bottega Veneta ont également présenté leurs objets innovants, pour offrir au public une belle démonstration de leur créativité, au-delà même de la mode.
L’innovation au cœur des inspirations des designers
Philippe Starck et Kartell on fait preuve d’innovation en matière de design pour cette édition milanaise, mais ils ne sont pas les seuls. Magis a présenté un sofa démontable en quelques secondes, dont le textile ne tient que par des élastiques faciles à enlever, dessiné par Stefan Diez. Un « canapé modulaire à la ligne dépouillée, enrichie de détails raffinés avec à la base une structure réalisée en polypropylène recyclé et recyclable », explique l’entreprise. Campeggi a fait fort, elle aussi, en offrant de transformer votre salon en « petit stade domestique », avec un canapé-lit qui peut aussi se transformer en tribunes.
Les designers se posent de plus en plus la question environnementale dans leurs créations. La suédoise Offecct a ainsi adopté une gamme de couleurs, du bleu au rouge, inspirée par les graphiques qui montrent le réchauffement de la planète. L’entreprise a également lancé un système d’absorption du bruit fabriqué avec les fins des rouleaux de textiles utilisés pour le reste de sa collection. Quant à Kartell, la marque a inauguré un bioplastique avec une réinterprétation d’un classique : le rangement Componibili, conçu par Anna Castelli Ferrieri en 1960.
Une édition 2019 placée sous le signe de l’innovation, mais qui bien sûr s’inspire considérablement des mouvements artistiques et de design de ces dernières décennies. L’enjeu des designers est de comprendre les grands mouvements du passé, tout en réfléchissante à une façon différente de créer, de consommer, en accord avec nos problématiques environnementales, et la technologie qui fait partie intégrante de nos existences actuelles.