#2 Les pépites architecturales françaises
Nous vous faisions découvrir, dans un précédent article, une sélection de pépites architecturales à retrouver en France. Elles sont nombreuses, au coeur des métropoles ou encore de nos communes rurales, à faire la richesse de notre territoire. Ces constructions atypiques nous inspirent, avec leurs créations hors normes, nourries d’un projet architectural sans précédent. Voici le second volet de bâtiments français à (re)découvrir sans modération.
La Villa Neutra à Croix, oeuvre avant gardiste de l’architecte Richard Neutra
Située dans le Nord de la France, au coeur de la métropole lilloise, la ville de Croix abrite la fameuse maison Delcourt, unique réalisation de l’architecte américain Richard Neutra sur notre territoire. Dernier projet de l’architecte avant sa mort en 1970, cette demeure a été construite en 1968 pour l’industriel Marcel Delcourt, emblématique patron des 3 Suisses.
Pour le couple Delcourt et leurs 7 enfants, le projet était de bâtir un bien au coeur d’un espace boisé. Un pari tenu par l’architecte, qui a réalisé une véritable maison entourée d’un espace verdoyant où architecture et nature cohabitent sur 600 m2. Richard Neutra s’était fait un nom dans la réalisation de maisons californiennes; ici il renouvelle sa création avec une structure poteaux-poutres filiforme, un plan ouvert, une horizontalité marquée par le prolongement des sols et des plafonds au-delà des façades vitrées, des rideaux et cloisons mobiles, ou encore des murs polychromes. Pour s’adapter à la perfection à cette magnifique maison, une partie du mobilier intégré a été dessinée par Richard Neutra et son associé Bruno Honegger (escalier, meuble de la family room, canapé, bibliothèque, etc). Ainsi, en juillet 2000, le bâtiment et de sa parcelle sont inscrits aux Monuments historiques. Cette magnifique demeure est actuellement à vendre…
Crédit Photo : La Voix du Nord
Les Choux de Créteil, quartier emblématique symbole de l’architecture 70’s
On ne vous parle pas ici de nos talents culinaires, mais bien d’un ensemble de bâtiments construits dans le Val de Marne au début des années 1970. Un projet d’envergure, mis en place en 1966 sur une plaine maraîchère connue, comme l’un des principaux centres de production légumier de Paris au XIXe siècle.
L’idée de ce projet de grand ensemble, celui de 10 tours rondes de 15 étages chacune, avec une forme des plus singulières, celle d’un chou-fleur. Ce quartier prendra donc ce nom, avec à l’appui ses balcons originaux qui avaient l’ambition d’être végétalisés.
Ce complexe urbain a souvent été le terrain de réalisateurs, comme dans le film Tellement proches, sorti en juin 2009.
En 2008, les Choux reçoivent le label « Patrimoine du xxe siècle » du ministère de la Culture pour leur symbole sans précédent de l’architecture française des années 1970.
Crédit photo : Paul Fleury
L’Arbre Blanc sur les bords du Lez à Montpellier, tour iconique toute blanche
Véritable hérisson érigé près de l’Hotel de Région de Montpellier, cet immeuble de 17 étages a été inauguré le 19 juin dernier.
Le bâtiment va accueillir un programme immobilier, pensé par le Japonais Sou Fujimoto, Nicolas Laisné et son associé Dimitri Roussel, et Manal Rachdi (Oxo Architectes). Au rez-de-chaussée, un restaurant et une galerie d’art donneront le ton à cette création originale et atypique, dotée d’un toit-terrasse à 50 mètres de hauteur, offrant un panorama à 360° sur Montpellier et ses environs, avec une partie un bar accessible au public, et une seconde un espace partagé réservé aux résidents de l’Arbre Blanc.
Une nouvelle dimension architecturale, qui trouve confortablement sa place dans une ville dynamique comme Montpellier.
Crédit photo : Espaces Atypiques Montpellier
La soucoupe et l’église Saint-Anne de Saint-Nazaire, trésors singuliers du patrimoine
C’est officiel, ces deux constructions déjà labellisées “Patrimoine remarquable du XXe siècle” vont désormais franchir un nouveau cap, celui de « Monuments Historiques », leur permettant de solliciter des soutien financiers pour leur entretien et leur restauration.
Située dans le quartier au doux nom, « Soleil Levant » de Saint-Nazaire, L’église Saint-Anne a été construite en 1959 par l’architecte Henri Demur. Financée par le diocèse de Nantes, elle offre une architecture remarquable, avec sa forme rectangulaire surmonté e d’une toiture plate, presque invisible. Sur ses façades, une mosaïque réalisée par Jean Barillet et dessinée par Paul Colin, grand affichiste du 20e siècle.
Quant à la soucoupe, elle a été construite sur le site de la Plaine des sports, au coeur de la ville. Elle est entourée aujourd’hui d’un Aquaparc, de terrains de sport, de locaux associatifs… Réalisée en pleine période d’après-guerre pour valoriser l’espace du Grand Marais, la soucoupe a l’ambition de devenir une salle omnisports, qui sera construite en 1962. Un vaste complexe qui peut accueillir 3500 spectateurs. Un projet confié à l’équipe d’architectes Roger Vissuzaine et René Rivière, qui imagine alors une calotte sphérique inclinée d’une surface de 1600 m2. Du béton armé est choisi pour la construction, et une couronne de fenêtres surplombe le bâtiment. Un véritable symbole pour les Nazaréens de la créativité architecturale de la Reconstruction, qui doit être sauvegardée.
Crédit photo : Ville de Saint-Nazaire, Martin Launay
La MECA à Bordeaux
Située sur les quais de Paludate, difficile de passer à côté de cette grand arche. Intitulée la MECA (Maison de l’économie créative et culturelle), ce grand espace accueillera dès la fin du mois la FRAC (Fonds régional d’Art contemporain), ainsi que des acteurs du monde culturel bordelais, et des artistes en résidence.
Le bâtiment, construit sur d’anciens abattoirs près de la Garonne, a été imaginé par l’architecte danois Bjarke Ingels (la géniale agence BIG ndlr). Il est recouvert de 4800 panneaux de béton qui rappelle la teinte de la vieille pierre bordelaise.
A l’intérieur, une imposante scène de 360 m2 et 20m de hauteur, qui pourra accueillir des spectacles de grande ampleur, comme des cirques. Le bâtiment comprend aussi un studio de danse, une salle de projection numérique de 80 places, des espaces d’accueil de scolaires, des salles de conférences.
Financé à 94% par la Région, la MECA souhaite se faire une place de choix dans l’univers culturel et architectural bordelais, et sera également ouvert au grand public.
Crédit photo : La Tribune Bordeaux